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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/86

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

rendait comme à l’ordinaire chez l’empereur, le chambellan de l’impératrice se trouvant là, dans l’antichambre où vont et viennent les officiers de cour, lui tourna le dos et se mit à tambouriner du bout des doigts sur une vitre. Et le chancelier dit tout haut et devant tous : « Pas agréable de mettre les pieds dans une maison où la valetaille ne salue pas ! »

Aujourd’hui la réconciliation est faite, elle s’est faite il y a quatre ans. Les courbettes du chancelier et la vénération qu’il met dans sa voix sont extraordinaires et étonnent même l’entourage de l’impératrice. Commediante ! tragediante ! peut-on dire de lui comme le pape disait de Napoléon.

Les Berlinois n’ont jamais l’occasion de voir leur souveraine, ils ne la connaissent pas, ne s’intéressent pas à ses faits et certes ne sauraient dire si elle est à Berlin, vient de le quitter ou va y rentrer. L’impératrice ne se montre jamais avec l’empereur, elle ne sort jamais en voiture découverte. Les photographies qu’on voit d’elle aux vitrines des marchands de Berlin sont faites d’après des bustes, des médaillons, des dessins composés du tout au tout et corrigés même sous ses yeux, d’après ses indications.