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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/94

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

même d’écrire les mémoires les plus curieux et les plus complets, ce qu’elle ne fera jamais. Ajoutons que tout ce monde n’a pas été vu de bien près par l’auteur de la Société à Berlin[1].

Le trait par lequel il faut terminer ce portrait de l’impératrice est peut-être facile à deviner. L’impératrice est une personne supérieure, elle est en tout cas d’une race infiniment supérieure à son milieu. Elle le sent, elle le lit dans tous les yeux autour d’elle ; tout est adoration autour d’elle et il n’est personne de son entourage qui n’ait eu à supporter les cruautés de son orgueil et de ses caprices de grande ennuyée. L’impératrice a passé sa vie à ne pouvoir s’accommoder à son milieu, à rêver de monarchie catholique, de salon français, etc. Elle s’est ennuyée, elle s’ennuie toujours et rêve toujours.

Ses grandes distractions sont l’arrivée de quelque hôte étranger qu’elle doit recevoir. L’attente est fébrile ; après le départ, c’est l’abat-

  1. Cf. Appendice.