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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/98

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

arriveront à huit heures trois quarts et se réuniront dans la Salle du Chapitre, enfin que les autres invités arriveront à huit heures et demie et se réuniront dans la Galerie des Tableaux. La seconde feuille du programme règle de même, suivant la hiérarchie, l’accès des buffets.

Dès huit heures, l’avenue des Tilleuls, fort peu encombrée et très silencieuse d’ordinaire à cette heure dans l’espace compris entre le Palais et le Château, est remplie par le bruit monotone et continu des voitures. Les voitures de gala n’arrivent qu’au dernier moment, ce sont les pauvres fiacres qui ouvrent la marche. S’il fait sec, la plupart des militaires viennent à pied, raides dans leurs pantalons à sous-pieds, corrects dans leurs manteaux noirs, quelques-uns coiffés simplement de la petite casquette, tandis que, derrière eux, les ordonnances portent le casque dans l’étui. Tout le long de l’avenue des Tilleuls, des policiers à cheval assurent l’ordre avec un zèle implacable. L’avenue semble déjà comme une antichambre du palais. Les alentours du Château sont impitoyablement purgés de tout piéton qui n’a pas sa carte : la foule a tout juste le droit de se masser sur le trottoir d’en face, d’où elle ne peut contempler que le défilé des