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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/99

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BERLIN. LA COUR ET LA VILLE

voitures, sans même en voir descendre les bienheureux invités. Elle n’en reste pas moins là jusqu’à minuit, souvent les pieds dans la neige, à béer aux lumières des fenêtres. Le bon Berlinois ne se lasse pas d’admirer les carrosses de la cour. À toute occasion où l’on fait prendre l’air à ces véhicules presque dignes d’un musée de Cluny, il stationne entre les deux palais pour leur voir faire la navette de l’un à l’autre, avec leurs cochers poudrés et coiffés du tricorne à glands et leurs paires de laquais en livrée argent, bas de soie rose et bicorne à panache, portant la masse ou le glaive.

Le palais qu’habitent Leurs Majestés est juste assez grand pour les réceptions intimes et les « jeudis musicaux » de l’impératrice. Pour les bals de gala, on va au Château royal qui est au bout de l’avenue des Tilleuls, en face des musées, à cinq minutes des palais, à dix minutes des ambassades.

Le Château royal est un bâtiment très simple d’aspect, bâti dans un léger style dix-huitième siècle, çà et là badigeonné, entourant d’une hauteur de quatre étages (formant environ six cents pièces), deux cours et une chapelle à coupole. Les cours ont conservé le grossier pavage