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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/16

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V

Avant de peindre l’état de ces partis, jetons un regard rapide sur le point de départ de la Révolution, sur le chemin qu’elle avait fait, et sur les principaux chefs qui allaient tenter de la diriger dans le chemin qui lui restait à faire.

Il n’y avait pas encore deux ans que l’opinion avait ouvert la brèche contre la monarchie, et déjà elle avait obtenu des résultats immenses. L’esprit de faiblesse et de vertige dans le gouvernement avait convoqué l’Assemblée des notables. L’esprit public avait forcé la main au pouvoir et convoqué les états généraux. Les états généraux assemblés, la nation avait senti son omnipotence ; de ce sentiment à l’insurrection légale, il n’y avait qu’un mot. Mirabeau l’avait prononcé. L’Assemblée nationale s’était constituée en face du trône et plus haut que lui. La popularité prodigue de M. Necker s’était épuisée de concessions et évanouie aussitôt qu’il n’avait plus eu de dépouilles de la monarchie à jeter au peuple. Ministre d’une monarchie en retraite, sa retraite à lui avait été une déroute. Son dernier pas l’avait conduit hors du royaume. Le roi désarmé était resté l’otage de l’ancien régime entre les mains de la nation. La déclaration des droits de l’homme et du citoyen, seul acte métaphysique de la Révolution jusque-là, lui avait donné une signification sociale et uni-