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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/212

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s’étaient perpétuées dans le barreau. Un certain souffle de l’antiquité y animait les âmes et y enflait les paroles. Bordeaux était républicain par éloquence encore plus que par opinion. Il y avait un peu de l’emphase latine jusque dans son patriotisme. La république devait naître dans le berceau de Montaigne et de Montesquieu.


II

Ce moment des élections fut le signal d’une lutte plus acharnée de la presse périodique. Les journaux ne suffisaient pas. On fit crier les opinions dans les rues par des colporteurs, et on inventa les journaux-affiches placardés contre les murs de Paris et groupant le peuple au coin des rues devant ces tribunes de carrefour. Des orateurs nomades, inspirés ou soldés par les différents partis, s’y tenaient en permanence et commentaient tout haut ces écrits passionnés. Loustalot dans les Révolutions de Paris, journal fondé par Prudhomme et continué tour à tour par Chaumette et Fabre-d’Églantine ; Marat dans le Publiciste et dans l’Ami du peuple, Brissot dans le Patriote français, Gorsas dans le Courrier de Versailles, Condorcet dans la Chronique de Paris, Cérutti dans la Feuille villageoise, Camille Desmoulins dans les Discours de la lanterne et dans les Révolutions du Brabant, Fréron dans l’Orateur du peuple, Hébert et Manuel dans le Père Duchesne, Carra dans les Annales patriotiques, Fleydel dans