Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rision, vous dire qu’on ne les exécuterait jamais, parce qu’un roi ne se ferait pas lui-même l’accusateur de sa famille. Trois années d’insuccès, une vie errante et malheureuse, leurs intrigues déjouées, leurs conspirations avortées : toutes ces défaites n’ont pas corrigé les émigrés ; ils ont le cœur corrompu de naissance. Voulez-vous arrêter cette révolte, c’est au delà du Rhin qu’il faut frapper, ce n’est pas en France : c’est par de pareilles mesures que les Anglais empêchèrent Jacques II de traverser l’établissement de leur liberté. Ils ne s’amusèrent pas à faire de petites lois contre les émigrations, mais ils ordonnèrent aux princes étrangers de chasser les princes anglais de leurs États. (On applaudit.) On avait senti ici d’abord la nécessité de cette mesure. Les ministres vous parlèrent de considérations d’État, de raisons de famille ; ces considérations, ces faiblesses étaient un crime contre la liberté : le roi d’un peuple libre n’a pas de famille. Encore une fois, ne vous en prenez qu’aux chefs ; qu’on ne dise plus : « Ces mécontents sont donc bien forts, ces vingt-cinq millions d’hommes sont donc bien faibles puisqu’ils les ménagent ! »

» C’est aux puissances étrangères surtout qu’il faut adresser vos prescriptions et vos menaces. Il est temps de montrer à l’Europe ce que vous êtes, et de lui demander compte des outrages que vous en avez reçus. Je dis qu’il faut forcer les puissances à nous répondre. De deux choses l’une, ou elles rendront hommage à notre constitution, ou elles se déclareront contre elle. Dans le premier cas, celles qui favorisent actuellement les émigrants seront forcées de les expulser ; dans le second cas, vous n’avez pas à balancer, il faudra attaquer vous-mêmes les puissances qui oseront vous menacer. Dans le dernier siècle, quand le