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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/38

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XV

Le côté droit, dans l’Assemblée nationale, se composait des ennemis naturels du mouvement : la noblesse et le haut clergé. Tous cependant ne l’étaient pas au même degré ni au même titre. Les séditions naissent en bas, les révolutions naissent en haut ; les séditions ne sont que les colères du peuple, les révolutions sont les idées d’une époque. Les idées commencent dans la tête de la nation. La Révolution française était une pensée généreuse de l’aristocratie. Cette pensée était tombée entre les mains du peuple, qui s’en était fait une arme contre la noblesse, contre le trône et contre la religion. Philosophie dans les salons, elle était devenue révolte dans les rues. Cependant toutes les grandes maisons du royaume avaient donné des apôtres aux premiers dogmes de la Révolution ; les états généraux, ancien théâtre de l’importance et des triomphes de la haute noblesse, avaient tenté l’ambition de ses héritiers ; ils avaient marché à la tête des réformateurs. L’esprit de corps n’avait pas pu les retenir, quand il avait été question de se réunir au tiers état. Les Montmorency, les Noailles, les La Rochefoucauld, les Clermont-Tonnerre, les Lally-Tollendal, les Virieu, les d’Aiguillon, les Lauzun, les Montesquiou, les Lameth, les Mirabeau, le duc d’Orléans, le premier prince du sang, le comte de Provence, frère du roi, roi lui-même depuis sous le nom de