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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/410

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sa pensée à l’émancipation des idées. Elle crut, en renversant les trônes, travailler pour les hommes, et, en renversant les autels, travailler pour Dieu. Telle est la confession qu’elle fait elle-même de son changement.


VIII

Cependant cette jeune fille attirait déjà de nombreux prétendants à sa main. Son père voulait la marier dans la classe à laquelle il appartenait lui-même. Il aimait, il estimait le commerce, parce qu’il le regardait comme la source de la richesse. Sa fille le méprisait, parce qu’il était à ses yeux la source de l’avarice et l’aliment de la cupidité. Les hommes de cette condition lui répugnaient. Elle voulait dans son mari des idées et des sentiments analogues aux siens. Son idéal était une âme et non une fortune. « Nourrie dès mon enfance dans le commerce des grands hommes de tous les âges, familiarisée avec les hautes idées et les grands exemples, n’aurai-je vécu avec Platon, avec tous les philosophes, avec tous les poëtes, avec tous les politiques de l’antiquité, que pour m’unir à un marchand qui ne jugera et ne sentira rien comme moi ? »

Celle qui écrivait ces lignes était dans ce moment même demandée à ses parents par un riche boucher du voisinage. Elle refusait tout. « Je ne descendrai pas du monde de mes nobles chimères, répondait-elle aux instances sans cesse renouvelées de son père. Ce que je veux, ce n’est pas une