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Page:Lamartine - Méditations poétiques (édition de 1820).djvu/54

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MÉDITATION SEPTIÈME.

LA PROVIDENCE DE L’HOMME.


Quoi ! le fils du néant a maudit l’existence !
Quoi ! tu peux m’accuser de mes propres bienfaits !
Tu peux fermer tes yeux à la magnificence
Des dons que je t’ai faits !

Tu n’étois pas encor, créature insensée,
Déjà de ton bonheur j’enfantois le dessein ;
Déjà, comme son fruit, l’éternelle pensée
Te portoit dans son sein.

Oui, ton être futur vivoit dans ma mémoire ;
Je préparois les temps selon ma volonté.
Enfin ce jour parut ; je dis : Nais pour ma gloire
Et ta félicité !

Tu naquis : ma tendresse, invisible et présente,
Ne livra pas mon œuvre aux chances du hasard ;
J’échauffai de tes sens la sève languissante,
Des feux de mon regard.