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Page:Lamartine - Méditations poétiques (édition de 1820).djvu/55

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D’un lait mystérieux je remplis la mamelle ;
Tu t’enivras sans peine à ces sources d’amour,
J’affermis les ressorts, j’arrondis la prunelle
Où se peignit le jour.

Ton ame, quelque temps par les sens éclipsée,
Comme tes yeux au jour, s’ouvrit à la raison :
Tu pensas ; la parole acheva ta pensée,
Et j’y gravai mon nom.

En quel éclatant caractère
Ce grand nom s’offrit à tes yeux !
Tu vis ma bonté sur la terre,
Tu lus ma grandeur dans les cieux !
L’ordre étoit mon intelligence ;
La nature, ma providence ;
L’espace, mon immensité !
Et, de mon être ombre altérée,
Le temps te peignit ma durée,
Et le destin, ma volonté !

Tu m’adoras dans ma puissance,
Tu me bénis dans ton bonheur,
Et tu marchas en ma présence
Dans la simplicité du cœur ;
Mais aujourd’hui que l’infortune
À couvert d’une ombre importune
Ces vives clartés du réveil,