Aller au contenu

Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’empire grec, où il redoute à bon droit la perte de leur individualité nationale, de leur génie propre et de leur caractère latin ; pour les en préserver, il n’hésite pas à consommer une alliance étroite avec les conquérants germaniques et à identifier leur cause à la cause italienne, telle qu’il la comprend, pour faire de leur bras aguerri la défense du romanisme contre l’invasion du byzantinisme. Moine et chef de communauté, c’est une véritable académie latine, un dernier foyer de conservation des lettres romaines, qu’il fait de son monastère. L’étude du grec n’y a presque pas de place, ou du moins elle n’y est que l’étude d’une langue étrangère, poursuivie seulement par quelques-uns à cette fin de doter l’Occident de traductions latines des principaux Pères orientaux. À côté de saint Benoît, à un rang inférieur mais qui pourtant a bien aussi son importance, Cassiodore est un des pères et des législateurs du monachisme latin.

« Cinq cents ans plus tard, au XIme siècle, lors de la conquête normande, Squillace ou Skyllax, comme on disait dans le grec d’alors, est une ville purement grecque, située dans un pays tout hellénique, ou le grec est la seule langue que l’on parle et que l’on comprenne. Son évêché, latin et de l’obédience patriarcale de Rome au temps où les évêques Zacharie et Gaudentius siégèrent dans les synodes romains tenus sous les papes Vigile et Hilaire ; au temps où le massacre de deux évêques successifs, dont on ignore les noms, par la population, donna lieu à une lettre foudroyante du pape Gélase ; au temps où Saint Grégoire le Grand adressait plusieurs de ses lettres à l’évêque Jean ; au VII siècle même, quand Paul, évêque de Scylacium, figura au synode tenu à Rome par le pape Agathon ; son évêché, dis-je, est de rite grec et relève du patriarcat de Constantinople. Au Monasterium divasience de Cassiodore a succédé, sur le même emplacement, le monastère basilien de Stallacti, dédié à Saint Grégoire le Thaumaturge, saint éminemment oriental, et c’est le nom grec de ce couvent qui est devenu la source de l’appellation du village actuel de Stallatti ou Stalletti. D’autres monastères grecs, suivant aussi la règle de St-Basile, sont établis dans Squillace même et dans son voisinage, au lieu qu’on appelle hi Rokella ou Ronkella toû Scyllacos, c’est-à-dire à la Roccelletta del Vesiovodi Squillace. Tel est l’état de choses que nous révèlent un certain nombre de diplômes des princes normands de la fin du XIme siècle. Ils contiennent des listes de paysans