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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/107

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donnés comme serfs à tel seigneur ou à tel établissement religieux, et tous les noms y appartiennent à la grécité byzantine ; ils ont même un caractère singulièrement néo-hellénique.

D’où a pu provenir un semblable changement ? Comment s’est-il opéré ? Nous voici mis en présence d’un des plus importants, et jusqu’ici des plus obscurs problèmes de l’histoire de l’Italie méridionale, celui de l’hellénisation de ces contrées sous la domination des empereurs de Constantinople, de la façon dont elles redevinrent alors de nouveau, et pour plusieurs siècles, une véritable Grèce occidentale, une Grande-Grèce comparable à celle du VIIme au Vme siècle avant l’ère chrétienne.

Il n’est pas de fait historique qui ait été jusqu’à présent plus mal compris ; et ceci n’a rien qui doive surprendre. Il implique, en effet, dans l’hellénisme byzantin une puissance de propagande, de vitalité, d’assimilation, égale à celle de l’hellénisme des beaux temps classiques. Et c’est là une chose qui allait trop complétement à l’encontre des préjugés depuis longtemps enracinés en Occident au sujet du byzantinisme, pour que les causes et le véritable caractère de ce fait n’aient pas dû être complétement méconnus. Seul et le premier, M. Zambellis a discerné sur ce point la vérité et s’est efforcé de la mettre en lumière, éclairé par l’esprit de patriotisme grec qui anime tous ses écrits et qu’il pousse souvent jusqu’à l’exagération. C’est incontestablement son titre principal à la reconnaissance de ceux qui s’occupent des études d’histoire ; c’est par là que sa trace se marquera surtout d’une manière profonde dans ces études. Il est pourtant juste d’ajouter qu’il avait eu un précurseur dans Pasquale Baffa, d’une famille originaire de l’Épire, le plus grand helléniste de l’Italie à la fin du XVIIIme siècle, l’auteur de l’admirable catalogue analytique et raisonné des diplômes grecs de l’abbaye de la Cava, qui avait aussi commencé celui des diplômes grecs du mont Cassin, quand la vengeance sanguinaire de la reine Caroline, secondée par la honteuse complaisance de Nelson pour les charmes de lady Hamilton, l’accrocha au gibet avec tant d’autres nobles et pures victimes. »

La page suivante est un vrai dithyrambe, j’ai été ému jusqu’aux larmes de la trouver sous la plume du docte catholique Lenormant. Il faut que la vérité soit bien lumineuse, et l’âme de l’auteur bien loyale, pour que l’une arrache et que l’autre publie les aveux qui suivent :

« Rien n’a été plus mal jugé des Occidentaux que l’empire grec de