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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/138

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déplorable et remplie non seulement de fautes, mais d’altérations qui constituaient de véritables falsifications ? Lui et ses collègues furent loin de remplir loyalement la mission dont ils était chargés ; bien plus, dans cette œuvre de falsification, Bellarmin ne se contenta pas du rôle de fauteur, mais devint aussi acteur et fut obligé d’avouer lui même cette turpitude dans sa lettre à Luc Bruges, lorsque celui-ci dénonça au public ces prévarications[1].

  1. Sed scias velim Biblia Vulgata non esse a nobis accuratissime castigata. Multa enim de industria justis de causis pertransivimus quae correctione indigere videbantur… In hac tamen pervulgata lectione sicut nonnulla consulto mutata, ita enim alia quae mutanda videbantur consulto immutata relicta sunt. Voici ce que nous lisons à ce sujet, dans Janus, le Pape et le Concile : Le synode de Trente avait déclaré que la traduction de saint Jérôme devait être le texte biblique authentique de l’Église d’occident ; mais il n’existait encore aucune édition de la Bible latine authentique, c’est-à-dire approuvée par Église. Sixte V entreprit de la donner, et elle parut entourée des anathèmes et des moyens de répression consacrés et depuis longtemps stéréotypés. Sa bulle déclarait que cette édition, corrigée de sa main, devait être seule employée et faire foi, comme la seule vraie et authentique, sous peine pour chacun d’être mis au ban de l’Église ; tout changement, même d’un seul mot, entraînant la peine de l’excommunication.

    On s’aperçoit après qu’elle est pleine de fautes ; on y trouve environ deux mille inexactitudes faites par le pape lui-même. On propose de publier une interdiction de la Bible sixtine ; mais Bellarmin conseille d’étouffer le mieux possible le grand danger où Sixte V avait mis l’Église ; on doit, d’après lui, retirer tous les exemplaires, réimprimer sous le nom de Sixte V la Bible corrigée à neuf, et dans la préface avancer que des erreurs s’étaient glissées par la faute des compositeurs et le manque de soins. — Bellarmin lui-même fut chargé