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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/139

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L’épître attribuée au clergé d’Achaïe sur le martyre de saint André, porte au commencement une profession de foi sur la Ste-Trinité, où la troisième personne est qualifiée de αληθινον πνευμα αγιον το εκ του Πατρος εκπορευομενον και εν τω Υιω διαμενον, verum Spiritum Sanctum qui procedit e Patre et manet in Filio. Vers la fin du XV siècle, un certain Bonitius Mambritius y intercala frauduleusement le e Filio ; il a été suivi par Ludovicus Andrucci Sant’Andrea dans son édition faite à Rome en 1731, mais dans toutes les autres éditions la traduction est conforme au texte original. M. Laemmer invoque à son appui Baronius, qui, d’après son habitude, se range du côté des faussaires. Baronius dit que les expressions de l’original constituent un grécisme, grecismum irrupsisse. Quelle misère ! Pourquoi donc ne traduisez-vous pas le grécisme par un latinisme ? Si cette lettre avait été écrite origi-

    de mettre ce mensonge en circulation, mensonge auquel le nouveau pape prêta son nom pour la rédaction de la préface. Le jésuite-cardinal s’est vanté lui-même dans sa propre biographie, d’avoir rendu ainsi à Sixte-Quint le bien pour le mal, puisque le pape avait fait mettre à l’index l’œuvre principale de Bellarmin, les Controverses, pour n’y avoir défendu que la puissance indirecte du pape sur la terre, et non sa puissance directe.

    Mais alors se produisit une nouvelle mésaventure. Cette biographie qui était conservée à Rome dans les archives des jésuites, fut connue dans la ville par quelques copies. Aussitôt le cardinal Azzolini, proposa de mettre l’écrit au pilon, de le brûler, et d’enjoindre le plus profond secret, attendu que Bellarmin injuriait trois papes, et en représentait même deux comme des menteurs, Grégoire XIV et Clément VIII.