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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/84

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armée. Effectivement, à peine arrivé, il abolit le gouvernement national, et conféra le pouvoir temporel aux mains du pape son neveu et sa créature sous le nom de Grégoire V. Ceci cependant ne dura pas longtemps, car, à peine les Tudesques partis de Rome et sortis de l’Italie, le peuple se souleva, rétablit le gouvernement national, et remit le pouvoir consulaire aux mains de son consul. Les Romains, une fois libres, chassèrent le pape usurpateur, qui leur avait été imposé par la main de l’étranger, et à sa place, peuple et clergé, élurent d’un commun accord pour pape légitime le moine Philagathe, grec de naissance, et originaire des Calabres, alors pays grec.[1] Il prit le nom de Jean XVI, et gouverna l’église de Rome pure de la souillure du pouvoir temporel. Preuve éclatante de ce que je disais, qu’Italiens et Romains d’alors sympathisaient plutôt avec les gréco-romains, malgré tous les vices et tous les défauts qu’on pouvait leur reprocher, qu’avec les barbares du Nord, cent fois plus insupportables.

  1. « On voit, dit François Lenormant, combien la Calabre était devenue grecque de langue et de religion, après plusieurs siècles de domination byzantine… La Calabre, à travers tous ses malheurs, se montrait très remarquablement attachée à la couronne de Byzance…

    « L’évêque de Rossano, étant mort le comte Roger, lui nomma un successeur de l’obédience du Pape, mais la population refusa de le recevoir ; et, pour éviter une révolte, le comte Roger dut nommer un autre évêque de l’obédience de Constantinople (Fr. Lenormant, la Grande Grèce tome I, pag. 361 et 363).

    Voir aux Appendices, celui qui concerne l’hellénisation de l’Italie méridionale.