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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/85

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Grégoire se réfugia à Pavie ; de là le nouvel appel à l’étranger, aux barbares, par ce pape usurpateur. Othon redescendu en Italie avec une armée, s’empare de la ville de Rome et met le siége au Château Saint-Ange, où se trouvait renfermé le consul de la République Crescentius avec les membres du gouvernement national. Après un long siége, Crescentius, voyant que toute prolongation de résistance ne pouvait amener à aucun résultat de salut, traita avec l’empereur et se rendit sous la condition d’avoir lui et les siens la vie et les biens saufs. L’empereur, après la reddition, était disposé à maintenir ses engagements ; mais, poussé par son pape à la perfidie, il fit saisir et décapiter Crescentius. Tous ceux qui s’occupent de l’histoire de ces temps savent le stupre infâme qu’Othon exerça sur Stéphanie, veuve de Crescentius. Il la prit par force pour sa concubine, mais elle en tira une juste vengeance, en faisant mourir cet Othon par le poison.[1]

  1. « La femme de Crescentius, dit De Potter, d’abord livrée aux brutalités des soldats Allemands, trouva ensuite grâce devant les yeux d’Othon lui-même ; et cette infortunée, soutenue par l’espoir de la vengeance, eut le courage d’endurer ses embrassements. Le libertinage s’allie très bien avec la superstition. L’empereur ayant été témoin du repentir de son ministre Tamnus, qui, à l’instigation de Romuald, fondateur des Camaldules, venait d’embraser cette nouvelle règle monastique, résolut aussi de faire pénitence de sa lâche trahison envers le chef du peuple romain. Il tomba malade sur ces entrefaites, et Stéphanie (c’était ainsi que s’appelait la veuve de Crescentius), qui s’était vantée de le guérir, le délivra en effet de ses maux et de ses remords en l’empoisonnant. »

    (De Potter, Histoire du Christianisme, deuxième partie, livre premier, chapitre premier.)