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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/94

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en créeront de nouveaux ; ils vous aboliront même le Filioque, si cela peut amener au même résultat.

    maître de cérémonies d’Alexandre VI, dans le journal des actions de ce pontife, où il consignait naïvement tout ce qui se passait dans le palais de son maître :

    « Tout est vénal à la cour du pape, les dignités, les honneurs, les dispenses de mariage, les séparations, les divorces et les répudiations des épouses légitimes… Vouloir rapporter les meurtres qu’il fait commettre, ses rapines, ses viols et ses incestes, serait un travail presque impossible. Le très noble jeune homme, Alphonse d’Aragon (le troisième mari de Lucrèce), couvert des plus cruelles blessures, et, pour ainsi dire, assassiné deux fois, et massacré jusqu’entre les genoux du pape, a pollué de son sang les murs jadis si respectés du Vatican… Il serait trop long de nommer ceux qui ont été tués ou blessés, ou jetés vivans dans le Tibre, ou qui sont morts empoisonnés.. Qui ne craindrait de rappeler les monstruosités inqualifiables de libertinage, qui se commettent ouvertement chez le pape…, les viols, les incestes, les abominations de ses fils et de ses filles, la tourbe des femmes publiques et le concours des entremetteurs, les lieux de prostitution et de débauche dans le palais même de Saint-Pierre ?

    « Le dernier dimanche du mois d’octobre (1501), au soir, cinquante filles de joie honnêtes, appelées communément courtisanes, soupèrent avec le duc de Valentinois, dans sa chambre, au palais apostolique : après le souper, elles dansèrent avec les domestiques et d’autres hommes présens, d’abord habillées, ensuite toutes nues. Après cela, on posa à terre les flambeaux qui éclairaient la table, avec leurs chandelles allumées, et on jeta des châtaignes que les femmes qui marchaient nues, sur les pieds et sur les mains, entre les chandeliers, s’empressaient de ramasser, en présence du pape, du duc et de Lucrèce, sa sœur, qui regardaient ce spectacle. À la fin, on exposa des prix, savoir des habits de soie, plusieurs paires de bas, des bonnets et autres choses, pour ceux qui auraient connu charnellement le plus grand nombre de ces filles publiques (pro illis qui plures dictas meretrices carnaliter agnoscerent) ; elles furent traitées charnellement, en public, dans le palais, au bon plaisir des assistans, et les prix