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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/159

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pourra atteindre, sans toutefois qu’il soit incapable de le comprendre, l’entière connaissance de cette mécanique. Se rattachant à une proposition de Laplace, il déclare qu’une intelligence qui, pour un très-court moment donné, connaîtrait la position et le mouvement des atomes de l’univers, devrait être en état, d’après les règles de la mécanique, d’en déduire aussi tout l’avenir et tout le passé. Un tel génie pourrait, par une discussion convenable de sa formule du monde, nous dire qui était le Masque de fer ou comment sombra le Président. De même que l’astronome prédit le jour où, après de longues années, une comète, revenue des profondeurs de l’univers, doit reparaître à la voûte céleste, de même ce génie lirait, dans ses équations, le jour où la croix grecque brillera de nouveau sur la mosquée de Sainte-Sophie, le jour où l’Angleterre brûlera son dernier morceau de houille. S’il mettait dans sa formule du monde , l’énigmatique état primitif des choses se révélerait à ses yeux. Il verrait dans l’espace infini la matière ou déjà en mouvement ou inégalement distribuée, car avec une répartition uniforme l’équilibre instable n’aurait jamais été troublé. En faisant croître à l’infini dans le sens positif, il apprendrait si le théorème de Carnot menace, dans un espace de temps infini ou déjà dans un espace de temps fini, l’univers d’un état d’immobilité glaciale. » — Toutes les qualités ne naissent que par les sens. « Ce passage de Moïse : La lumière fut, est faux au point de vue physiologique. La lumière ne fut que lorsque le point visuel rouge d’un infusoire distingua, pour la première fois, la clarté d’avec l’obscurité. » « Muet et sombre en soi, c’est-à-dire dépourvu de toute qualité pour l’analyse subjective, le monde l’est également pour la conception mécanique résultant de l’observation objective, conception qui, au lieu du son et de la lumière, ne connaît que les vibrations d’une substance primordiale, dénuée de qualités, qui se change là en matière pondérable, ici en matière impondérable. »