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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/227

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Quoique ce passage renferme bien des ventes, l’auteur a pourtant, oublié que les progrès des sciences nous ont conduits à mettre de plus en plus des forces à la place de la matière, et que l’exactitude croissante de l’observation résout de plus en plus la matière en forces. Par conséquent, les deux idées ne sont pas simplement juxtaposées comme abstractions ; mais l’une se résout dans l’autre, à l’aide de l’abstraction et de la science, de telle sorte néanmoins qu’il en reste toujours un reliquat. Si l’on fait abstraction du mouvement d’un aérolithe, il reste à observer le corps lui-même qui se mouvait. Je peux lui ôter sa forme en supprimant la force de cohésion de ses parties alors j’ai encore la matière. Je puis décomposer cette matière en ses éléments, si j’oppose force a force. Finalement je puis par la pensée décomposer les matières élémentaires en leurs atomes ; ceuxci sont alors l’unique matière, tout le reste est une force. Si maintenant, avec Ampère, on réduit l’atome à ne plus être qu’un point sans étendue, avec des forces groupées autour de lui, ce point, le « néant », sera la matière. Si je ne vais pas aussi loin dans l’abstraction, la matière est alors pour moi simplement un certain tout, qui m’apparaît généralement comme une combinaison de parties matérielles opérée par des forces innombrables. En un mot, le résidu incompris ou incompréhensible de notre analyse est toujours la matière, quelque loin que nous nous avancions. Ce que nous avons compris de l’essence d’un corps, nous le nommons propriétés de la matière, et ces propriétés, nous les ramenons à des « forces ». Il suit de là que la matière est toujours ce que nous ne pouvons ou ne voulons plus résoudre en forces. Notre penchant pour la personnification » ou, si nous voulons employer les mots de Kant, ce qui revient au même, la catégorie de la substance nous force toujours à concevoir l’une de ces idées comme sujet et l’autre comme attribut. Quand nous dissolvons un objet, degré par degré, le reste non encore dissous, la matière, demeure toujours pour nous le