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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/231

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et nos chimistes connaissent de mieux en mieux les molécules et de moins en moins les atomes, car les molécules sont encore une réunion d’atomes hypothétiques, réunion que, sans aucun inconvénient, on peut se figurer tout à fait d’après le mode des choses sensibles. Si la science qui, sur ce point, semble réellement nous fournir une connaissance objective, pouvait un jour se développer assez pour rapprocher de nous les éléments des molécules autant qu’elle fait les molécules elles-mêmes, alors ces éléments auraient bientôt cessé d’être des atomes ; ils deviendraient quelque chose de composé et de variable, comme déjà on les conçoit très-souvent.

Quant aux molécules des gaz, on connaît aujourd’hui en partie avec assez de certitude, en partie avec une grande probabilité, la vitesse, avec laquelle elles se meuvent ; l’espace moyen qu’elles parcourent entre deux chocs ; le nombre des chocs éprouvés en une seconde ; enfin leur diamètre et leur poids absolu (33). Ces résultats, sauf maintes rectifications ultérieures, ne sont pas de vaines conjectures ; ce qui le prouve, c’est que Maxwella réussi, au moyen des formules sur lesquelles reposent ces appréciations, à tirer des conséquences sur la propriété conductrice de la chaleur de différents corps, conséquences que l’expérimentation a brillamment confirmées (34). Les molécules sont donc de petites masses de matière, que nous pouvons nous représenter d’après leur analogie avec les corps visibles et dont nous avons déjà appris partiellement à connaître les propriétés par la voie des recherches exactes. Elles sont ainsi, sans plus de façon, tirées de cette obscurité, dans laquelle se cachent les véritables éléments des choses. On peut affirmer que « l’atomistique » est démontrée, si l’on ne voit en elle qu’une explication scientifique de la nature, qui présuppose réellement des parcelles de masses discrètes, lesquelles parcelles se meuvent dans un espace vide, du moins comparativement. Mais, dans cette conception,