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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/248

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et de l’édifice du monde, s’imposa la pénible tâche d’étudier les ouvrages de Newton, et ce qui prouve combien il avait su approfondir l’idée fondamentale du mathématicien anglais, c’est qu’il conçut la pensée ingénieuse que cette même attraction de toute matière pondérable, qui maintient aujourd’hui le cours des planètes, a dû jadis être en état de former le système planétaire avec la matière diffuse et disséminée dans l’espace. Plus tard, sans connaître Kant, Laplace, l’illustre auteur de la Mécanique céleste, trouva la même idée, à laquelle il donna droit de cité en astronomie » (42).

La théorie de la condensation lente et progressive présente l’avantage de permettre un calcul qui, par la découverte de l’équivalent mécanique de la chaleur, s’est élevé à un haut degré de perfection théorique. On a calculé que, pour effectuer la transition d’une densité infiniment petite à la densité actuelle des corps célestes, la seule force mécanique de l’attraction des molécules de la matière dut produire autant de chaleur qu’il s’en développerait dans la combustion d’une masse de carbone équivalente à 3500 fois celle de tout le système planétaire. On en a conclu que la plus grande partie de cette chaleur dut se perdre dans l’espace, avant que pût naître la forme actuelle de notre système planétaire. On a trouvé que, de cette immense provision de force vive développée par l’attraction primitive, 1/454 seulement s’est conservé, comme force vive, dans les mouvements des corps célestes. On a calculé qu’un choc, qui arrêterait subitement notre Terre dans sa révolution autour du soleil, produirait autant de chaleur que la combustion de 14 Terres de carbone, et que cette chaleur ferait fondre entièrement la masse de la Terre et en volatiliserait au moins la plus grande partie.

Helmholtz remarque qu’il n’y a rien d’hypothétique dans ces idées, si ce n’est la supposition que les masses de notre système étaient d’abord répandues comme des vapeurs, dans l’espace. Cette réflexion est exacte en tant qu’elle permet d’évaluer approximativement, d’après une semblable dissé-