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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/250

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terrestres ; que la structure de la surface de notre planète soit expliquée, autant que possible, par les mêmes forces qu’aujourd’hui encore nous voyons agir partout. La théorie de la stabilité, qui s’appuie sur cette tendance géologique, n’a de valeur tout au plus que dans un sens relatif. Il est permis de considérer comme stables comparativement l’état de l’écorce terrestre et la continuation des processus qui s’y manifestent, lorsqu’on se place en regard de la théorie des révolutions terrestres, à laquelle se joint assez souvent la répugnance, blâmée dans le chapitre précédent, pour les nombres énormes. Si, au contraire, l’on admet des périodes d’une durée suffisante, non-seulement on trouvera vraisemblables un changement, une naissance et une destruction, mais encore on pourra les démontrer par les arguments les plus rigoureux de la science.

Nous pouvons donc nous demander pourquoi nous n’aimons pas à nous occuper de longues périodes de temps et pourquoi, comparativement, l’idée d’une stabilité absolue nous vient si vite et choque surtout si peu notre sentiment. Nous ne découvrons la cause de ce remarquable phénomène que dans l’habitude énervante de penser à l’éternité. Cette idée nous est familière dès notre enfance ; mais, en général nous n’y attachons pas une grande valeur. Bien plus, notre organisation intellectuelle est si étroitement liée au monde sensible qu’il semble nécessaire de diminuer, pour ainsi dire, en pensée, l’éternité absolue et d’en faire une idée relative, afin de la rendre quelque peu claire et compréhensible c’est ainsi que l’on cherche à se ngurer, en quelque sorte, la tangente de l’arc de 90 degrés, en la faisant naître, c’est-à-dire en traçant, sous les yeux de l’imagination, une tangente très-grande et grandissant toujours, quoiqu’il n’y ait pas de devenir pour l’absolu. Ainsi se comportent avec l’éternité ces images populaires des théologiens, qui, pour la représenter, s’efforcent d’entasser période de temps sur période de temps, puis comparent à « une seconde de l’éter-