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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/317

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ainsi l’enchaînement causal de la nature. Hartmann, il est vrai, proteste que sa « finalité » « n’existe pas à côte ou en dépit de la causalité », mais sa démonstration de la « finalité » et notamment la manière remarquable dont il la tonde par un prétendu calcul des probabilités, prouvent dès l’abord que précisément la rupture du rigoureux enchaînement causal de la nature forme la base de toute sa théorie, qui revient complètement à la foi du charbonnier et des grossières peuplades à l’état de nature (83).

Cette contradiction apparente s’explique aisément par ta manière dont Hartmann distingue l’esprit d’avec la matière, les causes intellectuelles d’avec les causes matérielles. « Bien loin, dit-il de sa téléologie, de nier l’absence d’exceptions à la loi de la causalité, elle suppose au contraire, cette absence non-seulement pour les matières entre elles, mais encore pour l’esprit par rapport à la matière et pour l’esprit par rapport à l’esprit. » Bientôt après, il développe avec une grande placidité l’hypothèse que la cause efficiente d’un événement quelconque, appelée m, n’est pas fondée complètement sur les circonstances matérielles existant simultanément, que « par conséquent » il faut chercher sur le terrain spirituel la cause suffisante de m.

La difficulté d’analyser complètement les circonstances matérielles simultanées n’inquiète point Hartmann. Très-rares sont les cas « où, en dehors d’un cercle local étroit, il existe, pour le fait, des conditions essentielles, et l’on n’a pas besoin de tenir compte de toutes les circonstances non essentielles ». On regarde donc autour de soi, dans le « cercle local étroit », avec tout l’intellect, toute la connaissance de la nature que, par hasard, on peut posséder ; on emploie peut-être un microscope, un thermomètre ou autres instruments semblables, et ce qu’alors on n’a pas encore découvert n’existe pas ou n’est pas essentiel. Si, après cela, on n’a pas trouvé l’explication complète de m, c’est que quelque diable (devil-devil) s’en mêle (84).