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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/318

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On ne doit pas supposer que, même dans le « cercle local étroite agissent une infinité de forces et de dispositions matérielles ; sans quoi il n’y aurait pas de « philosophie de l’inconscient ». Il est vrai que, dans des cas semblables, le naturaliste se borne à dire que la cause physique de m n’est pas encore découverte ; et, dans toute l’histoire de sa science toujours en mouvement, il trouvera l’impulsion qui le portera vers de nouvelles recherches et le rapprochera du but. Mais le nègre d’Australie et le philosophe de l’inconscient s’arrêtent là où cesse leur faculté d’explication naturelle, et ils renvoient tout le reste à un nouveau principe, grâce auquel tout est expliqué par un seul mot, d’une manière très-satisfaisante. La limite où s’arrête l’explication physique pour être remplacée par une apparition fantastique, diffère chez les deux, mais la méthode scientifique est la même Pour le nègre de l’Austral, par exemple, l’étincelle de la bouteille de Leyde est probablement de la diablerie (devil-devil) tandis que. Hartmann peut encore l’expliquer naturellement ; mais la méthode de transition d’un principe à un autre est absolument la même. La feuille qui se tourne vers le soleil, est pour Hartmann ce que la bouteille de Leyde est pour le nègre d’Australie. Tandis que les chercheurs, avec une ardeur infatigable, font tous les jours, précisément sur ce terrain, de nouvelles découvertes, toutes propres à prouver que ces phénomènes aussi ont leur cause mécanique, le philosophe de l’inconscient s’est arrêté dans ses études botaniques, par hasard, juste en un point qui laisse subsister le mystère dans son entier, et là naturellement aussi se trouve la limite où apparaît le reflet fantastique de l’ignorance personnelle, la « cause spirituelle », pour expliquer sans plus de peine ce qui est encore inexplicable (85).

Les causes spirituelles de Hartmann sont identiques avec le devil-devil du nègre d’Australie, c’est ce qu’il est à peine nécessaire de démontrer. La science ne connaît qu’une espèce d’esprit, celui de l’homme ; et toutes les fois qu’il est