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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/408

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physiques de la science de la nature, telle que la conçoivent les physiciens mathématiciens de notre époque. Ce qui existe réellement est, d’après Herbart, une multiplicité d’êtres simples, qui pourtant diffèrent essentiellement des monades de Leibnitz. Celles-ci produisent le monde entier, en tant que représentation ; au contraire, les « réalités x de Herbart sont en soi tout à fait dénuées de représentation ; elles agissent toutefois les unes sur les autres et elles cherchent à se préserver de ces influences réciproques. L’âme est un de ces êtres simples, une de ces « réalités » qui entrent en conflit avec d’autres êtres simples. Ses actes de conservation personnelle sont des représentations. De même que sans coup il n’y aurait pas de contre-coup, de même sans perturbation il n’y aurait pas de représentation. Neuve assurément et importante pour l’économie de la métaphysique future est la théorie d’après laquelle l’essence de l’activité psychologique consiste dans la réaction contre une action extérieure. Il faut nécessairement lui comparer l’opinion des théoriciens modernes de la doctrine moléculaire, suivant laquelle l’idée de force ne s’applique nullement à un atome discret, mais bien aux rapports réciproques de plusieurs atomes. Herbart n’a jamais sans doute compris qu’il aurait dû dire, avec plus de logique, que toutes les représentations ne se trouvent pas dans l’ « âme », être simple, mais qu’elles sont des relations réciproques entre les réalités discrètes, comme les forces physiques entre les atomes. En rendant ainsi logique sa pensée fondamentale, Herbart aurait évité les nombreuses contradictions qui résultent de ce que l’âme devait être simple et immuable, sans états internes, et néanmoins porter en elle-même les représentations. Il obtient par là une espèce d’immortalité de l’âme qui toutefois équivaut à une mort éternelle, s’il ne se rencontre pas d’autres êtres simples en rapport aussi étroit avec elle que les éléments dont se compose le corps. Voilà ce qui s’appelle payer cher une idée creuse.