Aller au contenu

Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme c’est de l’école de Herbart que sont sorties, en grande partie, les tentatives faites pour fonder une psychologie conforme à la science de la nature, il importe de mettre en relief les contradictions latentes, inséparables de l’hypothèse d’une âme absolument simple et cependant ayant des représentations. Ce qui est absolument simple n’est susceptible d’aucune modification interne ; car nous ne pouvons nous figurer une modification que sous la forme de déplacement des parties. Aussi Herbart ne dit-il pas que les réalités agissent les unes sur les autres, mais qu’elles auraient à souffrir des actions réciproques, si elles n’opposaient de la résistance par un acte de conservation personnelle. Comme si cela ne revenait pas tout simplement à admettre les actions réciproques ! Waitz attache beaucoup de prix dans sa psychologie (p. 81) à la différence entre les dispositions à un état et les états réels. Ainsi se passent les choses en métaphysique. L’âme ne doit pas avoir d’états, gardons-nous bien de lui en donner, sans quoi son unité absolue serait perdue ! Mais des dispositions, c’est bien différent ! Des « tendances », pourquoi pas ? Le métaphysicien consomme une énorme quantité d’intelligence pour réfuter toutes les autres opinions, et, quand il développe sa propre théorie, il fait une culbute logique des plus ordinaires. Tout autre comprend que la disposition à un état est aussi un état et que l’on ne peut se figurer la conservation de soi-même contre une action menaçante, sans une action réelle, quelque imperceptible qu’elle puisse être. C’est ce que le métaphysicien ne voit pas. Sa dialectique l’a poussé jusqu’au bord de l’abîme ; il a cent fois tourné, retourné, rejeté toutes les idées, et en définitive il faut absolument que l’on sache quelque chose. Ainsi, que l’on ferme les yeux et que l’on fasse hardiment le saut périlleux, — des hauteurs de la critique la plus sévère jusque dans la confusion la plus vulgaire du mot et de l’idée ! Si cela réussit, on poursuit gaiement son chemin. Plus on admet de contradictions dans les premiers fondements, plus on tire