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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/493

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térêt général. Si nous remontons aux époques les plus heureuses des républiques du moyen âge et de l’antiquité, nous y voyons la pensée de l’intérêt général vivante, mais contenue dans des cercles si étroits, que l’on ne peut guère établir de comparaison entre ces temps-là et le nôtre. Il résulte cependant de cette comparaison, toute défectueuse qu’elle est, que le mécontentement profond, qui caractérise notre époque, ne se remarque dans aucune république, où chaque citoyen, attentif à l’intérêt général, comprime l’essor de son égoïsme.

Si nous essayons de soumettre il un examen direct la justification de la théorie de l’harmonie des intérêts, il nous faudra d’abord, pour simplifier la question, admettre une république dont tous les citoyens ont les mêmes droits, la même capacité et déploient toutes leurs forces pour s’enrichir de leur mieux. Il est facile de comprendre que ces citoyens neutraliseront réciproquement une partie de leurs forces et produiront avec l’autre partie des résultats dont la société entière tirera profit. Il n’y a que deux moyens de supprimer la neutralisation des forces ou bien tous travailleront dans l’intérêt général, ou bien chacun travaillera pour lui-même, sans aucune concurrence et dans une sphère d’activité distincte. Mais des obstacles surgiront dès que deux ou plusieurs individus voudront acquérir ou utiliser le même objet.

Si nous appliquons cette abstraction aux relations humaines, nous y verrons d’abord le germe de deux idées, celle du communisme et celle de la propriété individuelle.

Or les hommes ne sont pas des êtres aussi simples qu’on le croit, et l’on peut se figurer qu’ils ne sont nullement capables de réaliser complètement l’une ou l’autre de ces idées. Dans le système de la communauté des biens, les tendances purement égoïstes se permettront de détourner à leur profit une partie de la fortune générale ; au contraire, dans le système de la propriété individuelle, chacun voudra augmenter