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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/51

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quatrième dimension de tout ce qui existe, l’idée de la continuité du temps. Quoique l’espace et le temps ne soient pas des formes toutes préparées, ne devant se remplir de matière que par suite de nos relations avec les choses, ils peuvent cependant être des formes, qui, en vertu de conditions organiques, lesquelles pourraient faire défaut à d’autres êtres, résultent nécessairement de notre mécanisme sensoriel. Certes, il ne serait même guère possible, dans ce sens plus étroitement limité, de douter de l’apriorité de l’espace et du temps, et la question roulera de préférence sur ce que Kant appelle l’ « idéalité transcendantale » de l’espace et du temps, c’est-à-dire que nous nous demanderons si le temps et l’espace ne signifient plus rien au-delà de notre expérience. En effet, Kant admet cela indubitablement. L’espace et le temps ont, d’après lui, de la réalité pour la sphère de l’expérience humaine, en tant qu’ils sont des formes nécessaires de notre intuition sensible ; en dehors de celle-ci, ils sont, comme toutes les idées, qui s’égarent au-delà de l’expérience, de simples illusions.

Il est évident ici que l’organisation psychophysique, qui nous force de concevoir les choses suivant l’espace et le temps, est donnée assurément avant toute expérience ; et, en tant que déjà la première sensation résultant d’un objet extérieur doit être combinée avec une idée d’espace, quelque vague qu’elle puisse être, l’espace est un mode, donné a priori, de l’intuition sensible. Mais que certaines « choses en soi » aient une existence dépourvue d’espace et de temps, voilà ce que Kant ne pourrait jamais nous démontrer à l’aide de ses principes, car ce serait une connaissance transcendante, bien que négative, des propriétés de la « chose en soi » et une semblable connaissance est complètement impossible, d’après la théorie de Kant. Mais telle n’est pas non plus l’opinion de Kant ; il lui suffit d’avoir prouvé que l’espace et le temps n’ont de valeur absolue pour toute expérience, que parce que, comme formes de l’expérience, ils résident dans le sujet, et que, par consé-