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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/568

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presque sans le comprendre et comme d’une chose indicé rente. La distance absolue, qui sépare le mouvement des atomes cérébraux d’avec la sensation, n’est pas pour Strauss, abstraction faite de son doute relatif à cette distance, une raison suffisante de s’arrêter là, dès que du moins la connexion causale entre les deux phénomènes est rendue vraisemblable (35). Or c’est là précisément le point de vue du matérialisme qui ajourne le problème insoluble et s’en tient au cercle fermé de la loi causale, pour, de cette position, commencer sa polémique contre la religion.

Comme Ueberweg, après l’écroulement de sa téléologie aristotélique, Strauss, débarrassé des chaînes de la philosophie de Hegel, fut entraîné presque irrésistiblement vers le matérialisme car aucune philosophie moderne n’avait aussi bien caché le point décisif de la philosophie critique et ne l’avait aussi bien recouvert sous la végétation luxuriante de ses formes de concept, que Hegel, dans sa théorie de l’identité de l’être et de la pensée. Tout l’esprit d’un véritable hégelien avait été, pour ainsi dire, dressé et exercé à passer, sans s’en douter, auprès du point où le matérialisme et l’idéalisme se séparent. Chez Strauss, cette évolution ou du moins le commencement de cette évolution se produisit bientôt après ses grands travaux théologiques ; mais il serait difficile (et ce sera une des tâches de son biographe auxquelles nous ne pouvons toucher ici) d’exposer ce processus dans tous ses stades (36). Son testament matérialiste : L’Ancienne et la nouvelle foi (Leipzig, 1872), à tout à fait l’apparence d’un fruit mûr depuis plusieurs années, et il ne peut être question d’une tendance de l’auteur à dépasser encore une fois ce point de vue.

L’opuscule, qui fit tant de bruit et ameuta contre Strauss un si grand nombre d’antagonistes, renferme tout ce dont nous avons besoin pour notre but. Ses tendances théologiques amènent l’auteur à commencer par deux chapitres dans lesquels il cherche à répondre aux deux graves