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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/567

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rialisme avec l’idéalisme. En réalité, le matérialisme n’est que le premier degré, le degré le plus naturel, mais aussi le moins élevé de notre conception de l’univers ; une fois arrivé sur le terrain de l’idéalisme, il perd complètement sa valeur comme système spéculatif. L’idéaliste peut et doit même, dans l’étude de la nature, employer partout les mêmes théories et les mêmes méthodes que le matérialiste mais ce qui est pour le matérialiste vérité définitive, l’idéaliste le regarde seulement comme un résultat nécessaire de notre organisation. Il ne suffit pas d’ailleurs d’en faire le simple aveu. Dèsque prédomine la pensée que ce résultat de notre organisation est la seule chose dont nous devions nous préoccuper, le point de vue n’en reste pas moins essentiellement matérialiste, à moins que l’on ne veuille trouver un nom spécial pour cette attitude, prise, comme on le sait, récemment par Büchner entre autres. Le vrai idéalisme placera toujours près du monde des phénomènes un monde idéal et, même quand ce dernier n’apparaîtra que comme une chimère, il lui accordera tous les droits qui résultent des relations de ce monde avec les besoins de notre vie spirituelle. Il renverra donc toujours avec prédilection aux points où se manifeste l’impossibilité de comprendre, dans un sens matérialiste, l’essence entière des choses. Strauss n’indique nulle part le trait principal de l’idéalisme, ni le trait positif, ni le trait critique, et la façon dont il discute les limites de la connaissance de la nature posées par Du Bois-Reymond, prouve nettement combien il est partisan déclaré du matérialisme (34). Strauss fait ressortir, avec une éclatante perspicacité, tous les points qui prouvent que Du Bois-Reymond ne peut, à propos des « limites » qu’il pose à la connaissance de la nature, avoir songé à mettre en question l’essence du savoir scientifique, c’est-à-dire la conséquente conception mécanique de l’univers, ou à laisser des dogmes surannés s’établir derrière ces limites. Quant au point capital de la question théorique de la connaissance, Strauss en parle,