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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/600

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lui-même un riche trésor d’intelligence et de vitalité, lorsque Luther vint l’assaillir. C’est ainsi qu’aujourd’hui encore une nouvelle communauté religieuse pourrait, par la force de ses idées et le charme de ses principes sociaux, conquérir le monde d’un seul élan, tandis que maint arbre de l’ancienne plantation subsisterait dans la plénitude de sa vigueur et continuerait à porter ses fruits ; mais la simple négation rebondit impuissante, là où s’arrête le domaine du passé et de la mort, qui lui est dévolu. — Nous ne savons pas si des croyances anciennes pourrait jaillir aussi un pareil torrent de vie nouvelle ou si, en sens inverse, une société sans religion pourrait allumer un feu d’une puissance aussi dévorante mais une chose est certaine quand une ère nouvelle doit commencer et une ère ancienne disparaître, il faut que deux grandes choses se combinent une idée morale capable d’enflammer le monde et une direction sociale assez puissante pour élever d’un degré considérable les masses opprimées. Cela ne s’opère pas avec le froid entendement, avec des systèmes artificiels. La victoire sur l’égoïsme, qui brise et isole, et sur la glace des cœurs qui tue, ne sera remportée que par un grand idéal, qui apparaîtra comme un « étranger venu de l’autre monde », et, en exigeant l’impossible, fera sortir la réalité hors de ses gonds.

Tant que cette victoire n’aura pas été remportée, tant qu’une nouvelle vie sociale ne permettra pas au pauvre, au malheureux, de sentir qu’il est homme parmi les hommes, on ne devra pas être si ; pressé de combattre la foi, afin de ne pas recourir à un remède pire que le mal. Que l’on répande la science, que l’on proclame la vérité dans toutes les rues et dans toutes les langues, puis advienne que pourra ; quant à la guerre de la délivrance, la guerre systématique et implacable, qu’on la dirige sur les points où la liberté est menacée, où la vérité et la justice sont entravées ; qu’on la dirige contre les institutions politiques et sociales, grâce auxquelles les congrégations religieuses acquièrent une in-