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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/623

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tentative faite pour résoudre d’une manière nouvelle le problème de la Critique de la raison. Cet écrit commence par définir la faculté de représentation au moyen des « conditions » de la représentation ; en évitant ainsi toutes les hypothèses spéciales, métaphysiques et psychologiques (et en inclinant vers la tautologie), l’auteur se montre éminemment kantien. Suit une longue discussion (p. 95-199), qui a pour but principal de montrer que l’on ne doit pas introduire l’organisation dans l’explication de la faculté de représentation, parce que les philosophes ne sont pas d’accord sur ce point la faculté de représentation est-elle fondée uniquement sur l’organisation (les matérialistes) ou sur une substance simple sans aucune organisation ou sur un concours quelconque de ces facteurs ?

On voit donc clairement ici qu’il s’agit de l’organisation en tant que chose en soi, attendu qu’elle ne pourrait guère être rangée sur la même ligne que les monades purement transcendantes et les autres inventions des métaphysiciens. Si l’on admet au contraire l’organisation comme phénomène, c’est-à-dire avec la réserve qu’elle pourrait être un phénomène d’une chose en soi inconnue, non seulement s’évanouit le matérialisme, mais encore disparaît tout droit d’associer cette hypothèse aux inventions des métaphysiciens. Ceux-ci pourront, après cela, admettre, à leur gré, que cette organisation n’a d’ailleurs aucune base (matérialisme) ou bien qu’elle repose sur l’activité d’une monade (idéalisme de Leibnitz) ou enfin sur quelque chose d’absolument inconnu (criticisme) mais comme phénomène l’organisation est donnée tandis que tout le reste n’est que chimère. Il me semble donc qu’il y a nécessité directe de mettre semblablement en rapport avec la « faculté de représentation » ou avec la cause de la synthèse a priori cette donnée unique, dans laquelle toutes les particularités de l’essence humaine, en tant que nous les connaissons, suivent le fil de l’enchaînement causal. Mais alors il ne faut pas, comme a coutume de le faire par exemple Otto Liebmann, parler de l’organisation de l’esprit ; car celle-ci est transcendante et par conséquent absolument coordonnée avec d’autres hypothèses transcendantes. Il faut bien plutôt entendre absolument par organisation ou par organisation physico-psychique ce qui apparaît à notre sens extérieur comme la partie de l’organisation physique placée immédiatement en connexion causale avec les fonctions psychiques, tandis que nous pouvons admettre hypothétiquement que ce phénomène peut reposer sur un rapport purement spirituel des choses en soi ou bien aussi sur l’activité d’une substance spirituelle. Pour apprécier avec justesse l’attitude de Kant relativement à cette conception de la cause de l’a priori, on fera bien d’examiner outre plusieurs passages ayant le même sens, mais moins clairs, notamment la conclusion de la