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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/624

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critique du deuxième paralogisme de la psychologie transcendantale, dans la première édition (1781), p. 359 et suiv. Citons ici seulement les mots suivants : « De la sorte, cela même qui, sous un rapport, s’appelle corporel, serait, en même temps, sous un autre rapport, un être pensant, dont nous ne pouvons, il est vrai, contempler les pensées, mais pourtant les signes de ces pensées, dans le phénomène. Ainsi tomberait la locution que les âmes seules pensent (en tant qu’espèces particulières de substances) ; on dirait au contraire, comme d’habitude, que les hommes pensent, c’est-à-dire cela même qui, comme phénomène extérieur, a de l’étendue, est intérieurement (en soi-même) un sujet, n’est pas composé, mais est simple et pense.

26 [page 39]. C’est sans doute encore un problème, que l’avenir résoudra, de prouver qu’il n’existe pas du tout de « pensée pure », comme l’entendent les métaphysiciens, et, sur ce point, Kant ne fait pas exception. Kant laisse l’élément sensoriel purement passif ; voilà pourquoi l’entendement actif, pour ne produire qu’une simple image d’espace, d’objets sensibles, est forcé de créer l’unité de la multiplicité. Mais dans cet acte, absolument nécessaire et subjectif, de la synthèse, il n’y a rien de ce que nous appelons d’ordinaire « entendement ». C’est seulement après qu’on a introduit artificiellement dans la question l’hypothèse que toute spontanéité appartient à la pensée ; toute réceptivité, aux sens, que la synthèse allant des impressions aux choses se laisse mettre en rapport avec l’entendement. Mais si l’on trouve que la synthèse des impressions présuppose dans la chose la catégorie de la substance, on peut demander : comme catégorie ? la réponse ne pourra être que négative. La synthèse sensorielle des impressions est bien plutôt la base sur laquelle seulement une catégorie de la substance pourra se développer. Ici une démonstration complète de l’origine sensorielle de toute pensée nous entraînerait trop loin. Bornons-nous à remarquer que même l’apodicticité de la logique doit être ramenée absolument à des images d’espace de ce qui est représenté, et que les « ponts aux ânes », si méprisés, des cercles logiques (ou des lignes, angles, etc.), bien loin de former un simple accessoire didactique, renferment au contraire en eux le fondement de l’apodicticité des règles logiques. J’ai l’habitude, depuis quelques années, d’en exposer la preuve dans mes cours de logique et j’espère pouvoir la présenter à des cercles plus vastes, si la faculté de travailler m’est accordée encore quelques années.

27 [page 40]. Des recherches récentes paraîtraient, il est vrai, établir le contraire ; mais le fait a besoin d’être confirmé. Il résulte en effet des expériences de MM. Dewar et Mc Kendrick sur la modification de la force électromotrice du nerf visuel par l’action de la lumière