Aller au contenu

Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/688

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« représenter quelque chose comme se trouvant à distance » et « avoir sa représentation à cette distance ou se la représenter comme se trouvant à cette distance. » Il ne faut pas traiter Ueberweg d’une façon aussi légère ; car sa conception du monde, malgré l’étrangeté de l’ensemble, est parfaitement combinée dans toutes ses parties. La question même : Que veut dire en réalité se représenter quelque chose comme situé à distance ? peut être regardée comme le point de départ de ses constructions psychologiques, car Ueberweg trouvait que ces mots n’ont pas de sens, à moins que l’on ne se figure l’éloignement même comme une chose pareillement sensible. D’après lui, la seconde proposition est seule claire et exacte ; la première repose sur l’illusion scholastique cartésienne d’une représentation séparable de son contenu. La manière dont Stumpf traite l’image de la plaque d’une chambre obscure admise par Ueberweg (p. 191) repose aussi sur un malentendu complet. Naturellement l’image de la plaque n’embrasse que son apparition extérieure, sans ce qui est dessiné dessus, comme nous apercevons par l’extérieur un homme dans le cerveau duquel nos regards ne peuvent pas pénétrer. Aller jusqu’à identifier l’image avec le « moi » véritable de la plaque, c’est ce dont ne peut s’aviser aucun de ceux qui cherchent à être équitables envers l’opinion d’Ueberweg. — Nous ne nous occuperons pas de l’ingénieuse mais hardie déduction de Stumpf, d’après laquelle l’image visuelle doit avoir primitivement trois dimensions ; mais quand, pour simplifier le problème de la perception des profondeurs, il évite l’idée du « hors de nous » et, au lieu de cela, ne parle que de voir les choses « à distance », le fond de la question de la projection n’est nullement décidé de la sorte ; car la question porte toujours sur la distance des objets à notre corps et des objets représentés aux corps représentés.

63 bis [page 457]. Zeitschrift für exoterische Philosophie, IV, 334 et suiv.

64 [page 461]. Ueberweg a riposté à cette critique dans les éditions plus récentes de sa Logique et dans son Précis de l’histoire de la Philosophie[1]. En ce qui concerne la réalité du temps, il remarque[2] que (dans le sens de notre critique) on aurait tort de transférer le temps à d’autres êtres, s’il était une simple forme d’intuition ; mais qu’il est une « réalité psychique », parce que (cela doit être démontré dans le § 40) nous concevons nécessairement telles qu’elles sont les images psychiques qui se trouvent présentement en nous. Mais la « conception » est

  1. Grundriss der Geschichte der Philosophie, III, § 27.
  2. Voy. au § 44 in der 4. Auflage der Logik, herausgegeben von J. B. Meyer, p. 85, note.