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Page:Lanson - Boileau, 1922.djvu/66

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BOILEAU.

périphrases ni les mots élégants. Même il ne recule pas devant la conséquence extrême où semble devoir toujours descendre l’art réaliste : l’expression de la réalité vulgairement hideuse ou répugnante. Nous avons lu dans le Repas ridicule ces vers

Où les doigts des laquais dans la crasse tracés
Témoignaient par écrit qu’on les avait rincés.


Que nous montre-t-il dans la Satire X du déshabillé de la coquette ? Rien de ce qui eût inspiré la spirituelle polissonnerie de l’âge suivant, mais seulement les « quatre mouchoirs de sa beauté salis » qu’on envoie au blanchisseur.

Voici enfin la femme de la fin du siècle, qui montre la voie à la duchesse de Berry et devance la Régence ; la voici

Qui souvent d’un repas sortant tout enfumée,
Fait même à ses amants, trop faibles d’estomac,
Redouter ses baisers pleins d’ail et de tabac.


J’ai regret d’être obligé d’insister sur de telles images : mais il le faut, tant on méconnaît à l’ordinaire le vrai caractère de la poésie de Boileau.

Il n’y a là dedans ni sentiment, ni passion, ni roman, ni drame, ni comédie. Cela est purement pittoresque ; ce n’est que la réalité fortement, fidèlement, sérieusement rendue. Il y a vraiment dans Boileau un Hollandais, dont la plume excelle à faire des magots comme ceux qui en peinture déplaisaient tant au grand roi. À chaque pas, dans un coin de