Aller au contenu

Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Jusqu’au monde où l’esprit te guide

Nos ailes n’atteindront’jamais ;
Nos yeux, que nul soleil ne lasse,
Ne sauraient regarder en face
Cet astre inconnu qui te luit.
Nous avons lutté contre l’âme !
Elle monte encor dans la flamme ;

L’aigle est repoussé dans la nuit.



X

AU PIED DE LA CROIX


Ô Christ ! tu livras donc à nos disputes vaines
Ta croix même et ton sang que tu viens d’y verser !
L’arbre divin fait ombre à nos clartés humaines,
Et notre orgueil le sape au lieu de l’embrasser.

Pour moi, Seigneur, si fort que ma raison s’effraie,
Je ne puis m’écarter ni douter de la croix ;
Car j’ai fait plus que voir et que toucher ta plaie,
Je la sens dans mon cœur… c’est par là que je crois !

J’y fus aussi cloué sur l’arbre de torture !
Si je rends témoignage à sa divinité,
C’est qu’en moi, dominant l’indocile nature,
La douleur te démontre à mon sang révolté.