Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/298

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Tu descends, comme la lumière,
Du haut des monts.

Là, debout sur la feuille sèche.
Au bord d’un bois,
Tu lanças la première flèche
De ton carquois.

Là présente à l’heure fatale
Aux oppresseurs,
Tu fondras la dernière balle
Des francs chasseurs.

Mais nous, ô voyageur, plus haut ! Montons encore
Cet escalier des monts par où descend l’aurore.
Chacun de ses degrés offre au cœur agrandi
L’image et le conseil d’un travail plus hardi.

Aux confins de l’éther d’où la foudre s’élance.
Voici la région du froid et du silence,
Où la vie est voilée, où cessent les combats ;
L’œil même du chasseur ne la voit que d’en bas.

C’est le front de la terre où dort l’âme du fleuve.
Les fécondes sueurs où tout germe s’abreuve
Jaillissent de là-haut ; et l’être, à grands flots, sort
De ces monts recouverts du linceul de la mort.


LE GLACIER.

L’esprit des eaux, caché dans son beau corps de neige,
Conserve tout l’hiver son immuable siège