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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/356

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Tout à l’heure, un de nous lui parlait à l’écart,
Et les yeux du tyran, dans ce colloque infâme,
De leur fauve sourire ont agité la flamme.
Autour de lui, tout prêts à repousser nos coups,
Ses Thraces furieux, cette meute de loups,
Sans doute, en ce moment, rassemblés en grand nombre,
Lui forment un rempart de leur phalange sombre.
D’autres secours, bientôt, ne lui manqueront pas ;
Hipparque est, dans la ville, accouru sur mes pas ;
Prompt comme un léopard, lorsqu’il flaire une proie,
Du Léocorion il traverse la voie.
Ses amis prévenus vont nous envelopper.
Fuyons ! il n’est plus temps de vaincre et de frapper.
Mais nous pouvons encor, par la porte Sacrée,
Gagner quelque vaisseau sous la voile, au Pirée,
Ou nous dérober tous, étant si peu nombreux,
Remonter le Céphise entre les pins ombreux,
Franchir les monts Parnès au nord du Pentélique,
Et tous être, avant l’aube, échappés de l’Attique,


SECOND CHŒUR.

Mystérieux pouvoir, qui n’admets pas d’autels,
Trahiras-tu toujours la vertu des mortels,
Ô Destin ! Et prenant les meilleurs pour victimes,
Porteras-tu toujours tes faveurs aux grands crimes ?
Aux lois, aux saintes lois, les dieux indifférents,
Les dieux épousent-ils la cause des tyrans ?
Ô Pallas-Athéné, sérénité suprême,
Ô lumière de Zeus, vas-tu pâlir toi-même,
Et, comme au noir séjour par les morts habité,
Laisser peser la nuit sur ta chère cité ?