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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/140

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— Non, pas moi, dit froidement Lydie ; je n’ai pour règle de conduite que la voix de ma conscience.

— Que voulez-vous dire ?

— Eh bien ! à votre place, quelque bonheur que j’éprouverais à retrouver mon père, je me demanderais pourquoi, puisqu’il me savait vivante, m’a-t-il abandonnée pendant dix-neuf ans, et livrée au hasard, seule, dans le monde. Je l’aimerais, mais je n’aurais pas pour lui la même reconnaissance que s’il eût toujours été père selon son devoir, n’est-ce pas juste ? Il y a plus : un père a-t-il jamais le droit de disposer de notre bonheur ? Non. Par un dévouement mal entendu, ne compromettez pas votre avenir ; si votre père vous aime, il souffrira plus que vous de vos chagrins. Et maintenant, puisque vous m’avez conseillée franchement, je veux faire de même : je ne crois pas que nous devions rien sacrifier de nous à notre position ; s’il devait en être ainsi, en nous créant Dieu nous donnerait un cœur et des sentiments en rapport avec le rang que nous devons occuper ; et comme au contraire il nous laisse à chacun désirs, passions, qualités ou vices instinctivement, sans considérer la place où nous tomberons, il ne fait donc ainsi qu’une loi commune pour tous. Vu d’en haut, ou d’en bas, le bien est toujours un et le devoir le même.

— Oh ! ma chère maîtresse, ce que vous me dites là