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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/213

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était à la mode et, quoique fatiguée déjà par le plaisir, elle eût été belle sans son regard d’usurier. Dunel, en la voyant, se rappelait sa vie de garçon, ses plaisirs bruyants et se sentait revenu dans son élément.

La contredanse finit. Il prit le bras de son ami, l’emmena dans un salon voisin et lui dit, en s’étendant sur un sofa :

— Ma foi, mon cher, si la vertu est aimable, la légèreté est très amusante. Je renais en voyant ces charmantes filles folles et riantes, dont on médit parce qu’elles ont arboré le drapeau de l’indépendance. Décidément je n’étais pas né pour faire des idylles. Les nymphes, l’amour, l’hymenée sont trop blonds pour mon goût ; je préfère les bacchantes et le vin ; la réalité qui boit, qui mange, qui danse et qui chante. Adèle est ravissante ce soir et même Anna ne manque pas d’un certain charme, n’est-ce pas ?

— Peu m’importe ! dit Edmond, Anna est, des pieds à la tête, une médiocrité ; une de ces maîtresses qu’on prend et qu’on laisse sans les avoir presque regardées ; de ces femmes qui gagnent l’amitié d’une célébrité et sont remarquées par cela même. Elle n’a pas de goût : c’est une poupée que les modistes et les couturières habillent à leur fantaisie et sur laquelle elles essaient les modes les plus risquées ; un objet de luxe, enfin, sur