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Page:Larra - Le Pauvre Petit Causeur, trad. Mars, 1870.djvu/118

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blent leurs efforts, qu’ils fassent preuve de constance, demain le public les appréciera, et après-demain il ne pourra se passer de leurs œuvres ; prétendons-nous qu’avant de rien faire on nous apporte la couronne de la victoire ? La protection fera-t-elle le tout ? Que le mérite fasse quelque chose, et il obligera la protection avenir. On ne me protège pas ! crie la médiocrité. Où sont les acteurs ? Où sont les œuvres[1] ? Qui protégera ce qui n’existe pas, ou ce qui n’existe qu’avili ? Sortons-nous d’abord de notre avilissement, et on nous protégera. Faisons les œuvres et les protecteurs. Obligeons-les à nous protéger, et nous ne devrons tout qu’à nous-mêmes.

Quand les poètes et l’instruction auront formé le goût du public, quand celui-ci aura formé les acteurs, tous ensemble formeront les entreprises, en les obligeant à ce qu’elles les récompensent, parce qu’alors le mérite pourra leur faire la loi. Tel est notre chemin, celui que nous sommes obligés de prendre, par cela même que nous n’en avons pas d’autre plus commode ni plus praticable.

Cela fait, il restera encore à vaincre quelques obstacles, sans l’aplanissement desquels il en coûterait encore du travail aux administrations de théâtres pour récompenser dignement chacun selon son talent et selon son mérite, et pour soutenir ce premier enthousiasme. De plus, si en même temps que les poètes feraient un effort aussi héroïque ils rencontraient quelque auxiliaire supérieur, combien plus facile et plus près serait l’accomplissement de nos désirs ! Parcourons donc légèrement les autres moyens qui peuvent

  1. Déjà autre part nous avons dit que nous ne tenions pas compte d’une ou deux exceptions.