Aller au contenu

Page:Larra - Le Pauvre Petit Causeur, trad. Mars, 1870.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

joie la douleur et le deuil[1]. La confiance perdue et le crédit renaissent[2] ; il n’y a pas pour toi de sacrifice coûteux, à ta voix tous les dommages se réparent. Pour toujours, tu as anéanti le supplice qui souillait la noble dignité de l’homme[3]. Chaque aurore nouvelle, un nouveau bénéfice vient graver ton nom dans les cœurs. Qui leur dira ? Peut-être l’histoire de ces pages, étonnera tes fils par son récit ! Cela vaut mieux, bon roi, qu’une victoire. Plaise au ciel, Seigneur, de rendre éternelle la gloire naissante de ton règne ! »

Cela, parmi tant de poètes à la douzaine, pas un seul ne l’a jamais dit. Ainsi parlerais-je, si ma divinité n’était pas trop timide pour cela. Car ma louange est aussi claire que juste ; sans troubler les ondes du Pactole ni le cours tranquille du petit ruisseau, sans appeler à mon secours le blond Apollon, sans errer par les cieux sur les pas des muses, je me suffis à moi pour parler vrai. Car, André, se lancer dans mille phrases vides de sens, confuses, et sonnant haut pour chercher des flatteries dans les nuées, accumuler à la file les unes des autres, sans sortir de l’éternel formulaire, qui n’est pas même agréable à l’encensé, louanges mercenaires sur louanges mercenaires, c’est,

  1. La réédification presque entière de différentes bourgades ruinées par des tremblements de terre, exécutée durant le règne de Sa Majesté.
  2. Le crédit rétabli à l’intérieur et à l’extérieur.
  3. L’abrogation de la peine de la pendaison. Nous laissons beaucoup à dire sur cette matière, mais d’un côté ce genre de poésie ne comporte pas de plus grands développements, de l’autre, nous ne sommes pas historiens. Ce court exposé suffit pour qu’on ne puisse en aucun cas nous attribuer une mauvaise intention que nous n’avons pas, et pour qu’on voie à quel point nous portons la rigueur de la vérité.