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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/101

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VIE DE FAMILLE ET DE COUR.

je ne puis me dispenser de dîner avec eux ». Et il faisait apporter la carpe, en ajoutant : « Jugez vous-même si je puis me dispenser de dîner avec ces pauvres enfants, qui ont voulu me régaler aujourd’hui, et n’auroient plus de plaisir s’ils mangeoient ce plat sans moi. Je vous prie de faire valoir cette raison à son Altesse Sérénissime. » La piété, le premier des devoirs observés dans la maison de Racine, avait sa place jusque dans les jeux de ses enfants. « Je me souviens, dit Louis Racine, de processions dans lesquelles mes sœurs étoient le clergé, j’étois le curé, et l’auteur d’Athalie, chantant avec nous, porloit la croix. » Il faisait tous les soirs la prière au milieu de ses enfants et de ses domestiques, en y ajoutant « la lecture de l’Évangile du jour, que souvent il expliquoit lui-même par une courte exhortation proportionnée à la portée de ses auditeurs et prononcée avec cette âme qu’il donnoit à tout ce qu’il disoit ».

L’inventaire fait après son décès nous introduit dans la maison de la rue des Marais, aujourd’hui rue Visconti, qui fut son dernier domicile ; maison fameuse, qui aurait été habitée avant lui par Mlle Champmeslé et, après lui, par Mlles Lecouvreur et Clairon. Une plaque conserve le souvenir de ces hôtes, mais, dût la légende y perdre, l’identification de cette demeure n’est pas certaine, et c’est tant mieux : on ne se figure pas Racine vivant en famille dans la maison où il avait aimé la Champmeslé.

Il avait l’installation dont ses charges et ses relations lui faisaient un besoin. « Sous les remises