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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/111

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VIE DE FAMILLE ET DE COUR.

pose de tout quitter pour venir lui tenir compagnie. Lorsque Racine va faire sa cour ou suit le roi en campagne, Boileau surveille, comme on l’a vu, les études de Jean-Baptiste. Aussi, plus tard, dans ses lettres écrites de la Haye, Jean-Baptiste fait-il une place à Boileau, qui en est fort touché. Racine écrit de Boileau : « Il n’y a pas un meilleur ami ni un meilleur homme au monde. » Dans sa dernière maladie, Racine disait à ses fils : « Faites connaître à Boileau que j’ai été son ami jusqu’à la mort. » Au dernier moment, il disait lui-même à Boileau : « Je regarde comme un bonheur pour moi de mourir avant vous. »

La correspondance des deux amis est d’un grand intérêt moral et littéraire. Elle nous fait pénétrer dans la connaissance de ces caractères si différents ; elle nous fournit nombre de renseignements sur la vie du temps et les mœurs littéraires ; elle abonde en petits tableaux, sobres et pleins. Le ton en est toujours simple, le plus souvent sérieux, parfois enjoué. On y voit comment vivaient, pensaient et parlaient les honnêtes gens de ce temps-là. Il n’y a pas de laisser aller ; on s’y traite de « Monsieur », tout au plus de « cher Monsieur », après trente-cinq ans d’intimité. Cette réserve faisait alors partie de la tenue morale. Mais, quelle solidité d’affection, quelle droiture de cœur et d’esprit ! Les correspondances d’hommes de lettres deviendront plus amusantes ; elles ne rendront pas un meilleur témoignage de leurs auteurs.

Les fonctions d’historiographe du roi, en associant les deux amis à une tâche commune, avaient