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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/164

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RACINE.

apprendre ce que pensaient leurs devanciers, déclarent-ils la vérité de Racine. On a vu l’opinion de Charles XII et du prince Eugène sur Mithridate. Si Napoléon, à Sainte-Hélène, « faisait l’éloge de Corneille avec chaleur », s’il disait « que c’était aux sentiments qu’il inspire que la France était redevable de quelques-unes de ses grandes actions », s’il « l’aurait fait prince », Racine était « son favori ».

En revanche, il voyait juste en refusant à Racine le sens de la politique. Celle-ci était le domaine de Corneille, qui, du reste, excellait aussi dans l’histoire. C’est que, du temps de Corneille, la politique descendait dans la rue, tandis que, au temps de Racine, elle se renfermait dans le cabinet du roi. L’observation ne pouvait plus guère porter que sur la vie de cour.

Se bornant donc à peindre les hommes tels qu’il les voit. Racine emprunte à la cour de Louis XIV les couleurs dont il a besoin pour représenter les empereurs, Rome, Ryzance, la Grèce. Par elle, il évoque dans l’âme du spectateur la vision qui doit les entourer :

Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée,
Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée,
Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat…..

Princes ou courtisans, les personnages de Racine sont des hommes aussi voisins de nous par leurs sentiments qu’ils en sont éloignés par leur condition. Ils empruntent à celle-ci leur politesse et leur élégance, comme leurs riches vêtements. Mais, de