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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/17

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ENFANCE ET JEUNESSE.

vais environ quatre ans, de 1651 à 1655. Le seul souvenir précis qui se rattache à ce séjour est celui d’une blessure légère qu’il y reçut dans une bataille d’enfants, à l’occasion des troubles de la Fronde.

Au mois d’octobre 1655, il était appelé à Port-Royal. C’était une grande faveur, gratuite sans doute, car la médiocre fortune de sa famille ne devait guère permettre le paiement des cinq cents livres auxquelles était fixée la pension des Petites Écoles. Il était admis dans une élite de jeunes gens recrutés depuis la noblesse jusqu’aux « honnêtes marchands ». En outre, il allait avoir seize ans, et la règle était de ne recevoir les élèves que tout jeunes, de neuf à dix ans au plus, afin que l’éducation pût s’exercer sur des natures intactes.

L’institution des Petites Écoles remontait au fondateur du jansénisme, l’abbé de Saint-Cyran. Provoquée par l’idée mère de la doctrine, — d’après laquelle la nature humaine, foncièrement mauvaise, surtout chez l’enfant, ne peut tendre au salut et mériter la grâce divine que par la discipline morale, — elle avait pour but de préparer à l’effort vers le bien, qui doit être le but de la vie. Sans hostilité affichée, ou même avec toutes les formes extérieures du respect, elle prenait le contre-pied des méthodes suivies par l’Université et les Jésuites. Le titre de Petites Écoles avait beau signifier qu’elles se bornaient aux premiers éléments, en fait elles donnaient une éducation complète.

Tandis que les collèges réunissaient le plus grand nombre possible d’élèves et les groupaient en classes très peuplées, sous un enseignement uniforme, le