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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/31

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ENFANCE ET JEUNESSE.

compagnies ce poète honoré par le suffrage de M. Chapelain et une gratification de M. Colbert. Il se défend par son ignorance du langage local et se plonge dans l’étude de la théologie.

La conviction, à vrai dire, manque un peu. Il fait ce qu’il faut faire, mais il est fort éloigné de l’esprit dévot. Il dit, à propos de ses parents, engagés avec Port-Royal : « Que puis-je leur mander ? C’est bien assez de faire ici l’hypocrite sans le faire encore à Paris par lettres ; car j’appelle hypocrisie d’écrire des lettres où il ne faut parler que de dévotion, et ne faire autre chose que se recommander aux prières. Ce n’est pas que je n’en aie bon besoin ; mais je voudrois qu’on en fît pour moi sans être obligé d’en tant demander. » Il voit de près les moines ; il les trouve aussi sots qu’ignorants, et il en a horreur.

Tout en étudiant la théologie, il ne renonce pas à la littérature. Il continue ses lectures approfondies en grec et en latin ; il étudie l’espagnol et l’italien. La seconde de ces deux langues, surtout, la langue des beaux-esprits, lui est déjà familière, comme on le voit à ses lettres, émaillées de citations d’après l’Arioste. Il « cherche quelque sujet de théâtre. »

Aussi, tout en n’aimant ni le pays, ni la race, il observe déjà les passions. Sa modération d’homme du Nord se tient en garde contre l’exagération des sentiments, qui est tantôt la comédie et tantôt le drame du Midi, mais il a su voir combien l’amour y est pris au sérieux ; « En ce pays-ci, dit-il, on ne voit guère d’amours médiocres. » Il raconte en