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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/33

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ENFANCE ET JEUNESSE.

touches, dans l’abbé de ruelles et le petit poète, font pressentir le grand écrivain.

Cependant, les affaires du futur bénéficier n’avancent pas du tout, malgré l’affection et la bonne volonté de l’oncle Sconin. Les intentions du vicaire général sont paralysées par l’égoïsme de l’évêque et l’avidité querelleuse des chanoines. Racine finit par perdre patience et retourne à Paris. Sa dernière lettre d’Uzès est du 25 juillet 1662.

Tout donne à croire qu’en revenant à Paris, le jeune homme avait changé ses projets d’avenir : s’il ne renonçait pas à être bénéficier, il ne serait pas prêtre. Il pourrait assurer son existence par l’Église, sans lui engager sa liberté. En quittant l’oncle Sconin, il ne perdait pas son appui. Grâce aux efforts du vicaire général, il obtenait bientôt un bénéfice simple, le prieuré de Sainte-Madeleine de l’Épinay, dans le diocèse d’Angers. Les difficultés suscitées au jeune prieur par ses concurrents lui valurent un procès, et les ennuis de ce procès nous vaudront les Plaideurs. Après ce prieuré, ou en même temps, Racine obtint encore ceux de Saint-Jacques de la Ferté et de Saint-Nicolas de Choisel. Il jouissait encore de l’un d’eux vers 1673, dans sa pleine carrière théâtrale. En conciliant de la sorte, et longtemps, le sacré et le profane, il profitait d’un abus général à cette époque, moins scrupuleux en cela que Boileau, qui, lui aussi, jouit quelque temps d’un bénéfice ecclésiastique, mais qui, devenu poète, en fit distribuer le profit aux pauvres. Racine et Boileau étaient l’un et l’autre de fort honnêtes gens. Racine avec plus de souplesse, Boileau avec plus de raideur.