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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/58

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RACINE.

Si le temps n’a pas ratifié ces critiques, du moins avaient-elles leur élévation et leur sincérité. On ne peut, au contraire, voir que basse jalousie et plate sottise dans une parodie, la Folle Querelle, qu’un avocat au Parlement, Subligny, faisait représenter par la troupe de Molière et dans laquelle il avait mis en action la plupart des critiques exprimées sur Andromaque. Racine ne daignait pas nommer Subligny, mais il prenait la peine, dans une préface, de discuter avec ses détracteurs, et il se consolait, comme pour Alexandre, par le jugement général : « Le public m’a été trop favorable pour m’embarrasser du chagrin particulier de deux ou trois personnes. »

Dans un avis au lecteur, d’un tour enjoué et dégagé, Racine a raconté lui-même comment il eut l’idée d’écrire les Plaideurs et le sort qu’obtint la pièce. Ce récit montre le peu d’importance qu’il y attachait. Il avait lu les Guêpes d’Aristophane, et elles l’avaient beaucoup diverti, mais il ne songeait guère à en tirer une comédie, lorsqu’un procès, — que, dit-il, ni ses juges ni lui-même n’entendirent jamais bien et qui avait pour cause, semble-t-il, son prieuré de l’Épinay, — en le familiarisant avec la chicane et en lui montrant les ridicules du Palais, lui fit placer dans le cadre aristophanesque une satire qui résumait ses impressions et le dédommageait de ses ennuis. Il la destinait aux comédiens italiens, parmi lesquels se trouvait le fameux bouffon Scaramouche, et ce ne devait être qu’un canevas à lazzi. Le départ de Scaramouche pour l’Italie et les conseils de ses amis le déterminèrent, non sans résistance, à écrire